A la recherche dune didactique appropriée au contexte de la rencontre
En situation de rencontre, les objectifs dapprentissage dépassent la seule acquisition linguistique et font passer les savoir-faire communicatifs au premier plan (compétence de communication et compétence interculturelle) : pour les nécessités du projet commun, il faut pouvoir communiquer en peu de mots avec le partenaire (voir également « Du tandem au Tele-Tandem - Nouveaux apprentissages, nouveaux outils, nouveaux rôles », Dominique Macaire, http://www.tele-tandem.org/doclies/macaire-iufm/macaire-iufm.html). Aussi lapproche didactique (des langues) doit être différente de la didactique classique et prendre en compte le développement :
- Dune compétence de communication (apprentissage de langue, stratégies de communication, stratégies de communication non-verbales, etc.)
- Dune compétence interculturelle,
- Dun apprentissage mutuel favorable à lautonomisation de lapprenant dans le contexte de micro société que sont la classe et les groupes de rencontres franco-allemandes.
Les activités en Tandem, parce quelles proposent une approche didactisée de lapprentissage en situation de communication authentique, permettent de développer une bonne partie des compétences mentionnées ci-dessus et/ou dinitier une démarche dapprentissage autonome telles que :
- Avoir une démarche dapprentissage active pour soi et pour le groupe : être curieux, chercher à comprendre, faire ses propres choix dapprentissage, enregistrer, partager avec les autres membres du groupe-classse, proposer des solutions, être aventureux et accepter lerreur et le tâtonnement, aider son partenaire tandem, etc. ;
- Sapproprier une pratique de la L2 : développer une compréhension globale de la langue étrangère (identifier les mots-clés et structures récurrentes, utiliser toute sorte dindicateurs de sens, faire répéter, etc.), et avoir une démarche active dacquisition (noter et répéter les structures identifiées, les mémoriser, les réemployer, expérimenter, rechercher une prononciation correcte, etc.) ;
- Prendre conscience de sa propre langue maternelle par contraste avec la langue du partenaire : parler clairement et lentement, simplifier les phrases et choisir le vocabulaire en fonction des connaissances de son partenaire ;
- Avoir recours à la communication non-verbale (dessiner, montrer, faire, mimer, etc.), mais aussi observer les réactions non-verbales du partenaire, utiliser lintonation comme indicateur de sens, etc..
Les enregistrements vidéo montrent notamment que les élèves savent très vite adapter leur langue maternelle à linterlocuteur étranger ou utiliser des stratégies non-verbales pour se faire comprendre ; en L2, ils parlent par mots- ou structures-clés (quils ont donc été capables didentifier, de mémoriser et de réutiliser dans une situation appropriée). On relèvera aussi, quils répètent, dans leur propre langue, ce quils viennent de dire dans une langue qui est encore très étrangère.
Daprès les données recueillies, il est difficile de se faire une idée globale de lapproche mise en place par les enseignants mais il est clair que les enseignants ont proposé des activités en « Tandem ».
Cependant, parmi ces activités proposées (en Tele-Tandem et pendant la rencontre), la démarche Tandem, qui impliquerait un apprentissage mutuel de la langue au sens large, est encore peu présente et le rôle donné à lélève-enseignant est essentiellement un rôle de répétiteur : les activités proposées sont souvent des activités classiques de classe (répétition de dialogue, indiquer le nom dun objet montré, etc.), sauf rare exception (une activité propose lexploration dun champ lexical à laide du partenaire tandem). Il ny a pas dactivités de vérification dhypothèse ou dactivités qui permettraient de réinvestir des connaissances par la résolution dune tâche de communication commune.
Par contre, on relève un potentiel de communication et dapprentissage plus important : la communication naturelle naît spontanément lorsque les élèves veulent absolument échanger sur un thème qui les intéresse (échange autour des « Schimpfwörter » / gros mots, élèves qui se demandent les résultats du foot au lieu de faire lexercice prévu, petit groupe délève qui communiquent avec la modératrice du forum).
De plus, en dehors des activités proposées par les enseignants, un certain nombre de situations semblent contribuer au développement dune compétence de communication en L2 :
- La communication exolingue (utilisant le français et lallemand) et bilingue permet aux élèves de vérifier et détendre leur compréhension de la L2 ;
- La communication avec un partenaire de niveau équivalent avec laide dune autre personne bilingue qui reformule, fait passer le message en fonction de ce que lélève na pas compris ;
- Situations où le linguistique est accompagné dune gestuelle explicite telles que ateliers de cirque, chansons à gestes, danses collectives, jeux de ballon, etc. (voir vidéo échange Nevers) ;
- Situations où le linguistique repose sur un savoir partagé (jeux connus par les deux partenaires, émoticons, etc.) ;
- À partir des observations faites, il semble que quelques pistes didactiques se dégagent 2) :
- Utiliser plus largement la situation exolingue inhérente à la rencontre pour lapprentissage de la langue ;
- Développer toute activité de compréhension globale de la L2 ;
- Développer toutes les activités qui passent par une gestuelle explicite (ateliers, jeux, mimes, sport, etc.) ;
- Explorer et utiliser les savoirs partagés comme support de lapprentissage linguistique ;
- Explorer et développer les différents types dactivités possibles en Tandem ;
- Apprendre aux élèves à apprendre à partir de la situation vécue ;
- Aider les élèves à noter, fixer, réorganiser et structurer leurs apprentissages ;
- Proposer des activités pour réinvestir les apprentissages en cours dacquisition.